lundi 18 juillet 2016

Du théorème de Condorcet aux décisions absurdes

La plupart d'entre nous, démocrates, considérons que la démocratie et le suffrage universel font partie des meilleurs systèmes de prise de décision.

Le théorème de Condorcet semble être une bonne raison pour que les démocraties aient adopté le suffrage universel. Ce théorème dit la chose suivante: "Si chaque votant a une probabilité supérieur à 50% de prendre une bonne décision, plus l'assemblée est grande, et plus la probabilité est grande qu'une décision collective, prise à la majorité, tende vers une conclusion optimale et rationnelle" (1).

dimanche 8 mai 2016

Préjugé numéro 4: Plus j'ai d'information, mieux c'est

"Plus j'en saurais et mieux ce sera", "Un homme averti en vaut deux." etc. C'est un préjugé pseudo-rationnel tenace de considérer que l'accumulation d'information est toujours un bien. Par exemple, nous nous noyons volontiers dans le flux des informations instantanées (chaînes d'infos en continu, infos en direct sur nos smart phones etc.) et nous nous considérons ainsi comme "informés", c'est à dire "éclairés". Qu'en est-il vraiment?

samedi 2 avril 2016

Préjugé numéro 3: La méthode rationnelle est supérieure à l'intuition

J'ai longtemps hésité à parler d'empirisme plutôt que d'intuition dans le titre de cet article, surtout après avoir lu cet article du blog de Quentin. J'ai finalement opté pour "intuition" car l'empirisme que je vais illustrer dans cet article n'est pas l'empirisme scientifique, mais bien l'empirisme intuitif, celui dont l'humanité et le monde naturel font preuve depuis des millions d'années.

L'intuition est un phénomène psychologique qui est le sujet de maintes études, et dont on ne comprend pas encore le fonctionnement.
Dans l'article précédent, j'ai parlé du jeu de Go et j'ai expliqué pourquoi ce jeu constituait un défi pour l'intelligence artificielle.
Lorsqu'on demande à un joueur d'échec de dire pourquoi il joue un coup, il est capable d'expliquer sa stratégie et son raisonnement pour les x coups suivants (plus x est grand et plus le joueur est fort).
Mais lorsqu'on demande à un joueur de Go de dire pourquoi il joue un coup, il répond simplement que "ça semble correct". (1)
C'est cette forme d'intuition, dont les joueurs de Go font preuve, que les concepteurs de DeepMind ont essayé de reproduire en implémentant les concepts de l'apprentissage profond, dans leur machine d'intelligence artificielle AlphaGo.

dimanche 13 mars 2016

Cutting edge - Deep learning


Habituellement, je n'écris pas d'articles portant sur l'actualité, mais le match en cours entre le champion du monde du jeu de Go (Lee Sedol) et la machine AlphaGo de la société DeepMind (startup anglaise rachetée par Google) évoque tellement de questions qui sont proches des sujets traités dans ce blog que j'ai décidé de faire une entorse à la règle
(les règles sont faites pour être modifiées, ce dont une machine d'intelligence artificielle n'est pas encore capable).

mercredi 10 février 2016

Préjugé numéro 2: Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement

Nous préjugeons habituellement que la réflexion consciente est toujours supérieure à l'intuition pour prendre une décision.
Le cas du musée Getty (voir article précédent) montre que ce n'est pas toujours le cas.

Nous préjugeons aussi que "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement", c'est à dire qu'on a réellement la connaissance de quelque chose lorsqu'on est capable de le verbaliser.

Ainsi écrivait Nicolas Boileau en 1674 dans "L'Art Poétique":

"Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément."

mardi 19 janvier 2016

Préjugé numéro 1: Je n'ai pas de préjugés

Dans le précédent article, j'ai nommé 4 préjugés qui sont parmi les plus courants, mais aussi les plus contre-intuitifs pour une société dominée par le paradigme scientifique qui croit dur comme fer à la vertu du raisonnement rationnel.

Dans cet article, je vais illustrer le premier (qui est que "je n'ai pas de préjugé") et vous pourrez constater par vous-même, qu'en dépit de votre conviction de n'avoir pas de préjugés sur certains sujets, vous en avez quand même, et que ces préjugés, même inconscients, ont des conséquences bien réelles...

samedi 9 janvier 2016

Intuition versus pensée rationnelle

J'ai décidé d'interrompre temporairement la Saison 3 pour écrire cette mini-série d'articles sur les préjugés "pseudo-rationnels", afin de faire suite aux commentaires de l'article précédent (le paradigme scientifique).

Dans l'article "les illusions cognitives", j'ai dénoncé les biais cognitifs auxquels nous soumet notre système 1 (la pensée intuitive) et j'ai tenté de rétablir un certain équilibre dans cet article qui explore le rôle fondamental des émotions et des intuitions dans la prise de décisions.
Tout le long de la saison 2, j'ai exploré les erreurs auxquelles peuvent nous mener un excès de confiance dans l'un ou l'autre de ces deux systèmes cognitifs dont nous sommes dotés (intuitif et rationnel).

J'espère avoir atteint l'objectif déclaré dans l'introduction, qui était de réduire notre niveau de confiance dans la croyance que nous pouvons connaître, prévoir et maîtriser totalement le monde qui nous entoure avec notre seule raison.

mardi 8 décembre 2015

Paradigme scientifique

Un commentaire d'Hadrien dans le précédent article m'a permis de prendre conscience d'un malentendu possible concernant l'usage du terme "paradigme scientifique".
En effet, dans l'article "de l'âge de raison à l'âge de sagesse", je critiquais et annonçais la fin du "paradigme scientifique" et dans l'article précédent (humanity next stage), j'expliquais que tous les paradigmes précédents continuent à coexister dans la société, mais peuvent être dépassés et englobés par un niveau de développement supérieur.
Le niveau de développement "Teal" (décrit à la fin de l'article précédent) constitue d'ailleurs le premier niveau qui intègre la multiplicité des perspectives (des points de vue), sans n'en préférer aucune.
Il est issu de la théorie intégrale qui développe justement la philosophie que toutes les perspectives sont importantes et doivent être intégrées pour percevoir la réalité entièrement (sous toutes ses facettes) alors que les paradigmes des niveaux précédent (vert, orange, ambre etc.) clamaient tous que ceux qui les précédaient étaient obsolètes.

vendredi 4 décembre 2015

Humanity next stage

La théorie du développement

Le développement personnel, psychologique et social de chaque être humain engendre le stade de développement dans lequel opère la société dans son ensemble. Les développementalistes s'accordent pour dire que les sociétés évoluent par étapes, correspondants aux stades de développement de la majorité des individus de cette même population.

A chaque transition, tout change:
- La société passe de petits groupes familiaux, à des tribus, à des royaumes, à des empires, à des états-nations.
- L'économie passe de la cueillette au jardinage, puis à l'agriculture, et enfin à l'industrialisation
- Les structures politiques, les croyances religieuses, la morale, les modes d'organisation: tout change.

jeudi 3 décembre 2015

De l'âge de raison à l'âge de sagesse


L'Âge de Raison

En Occident, la Renaissance, puis les Lumières ont consacré L'Age de Raison qui a mis fin à l'ère Religieuse où la Bible était la seule et unique source de vérité, incontestée et incontestable et où l'Eglise régissait tous les sujets: artistiques, scientifiques, religieux et sociaux.

Depuis lors, les découvertes scientifiques se succèdent et modèlent nos façons de penser, d'agir et d'organiser nos sociétés: la mécanique au temps de Newton, puis la thermodynamique au temps de Boltzmann, la génétique, l'informatique, et plus récemment la biologie et les neurosciences.

lundi 30 novembre 2015

Blogami - Neotopia

Avant d'entamer le prochain article (le plus important de la saison 3), je voudrais annoncer aux quelques 500 lecteurs de ce blog (non c'est une blague, il y a juste toi et moi) une excellente nouvelle: la naissance d'un blog-ami.

L'échec du communisme a laissé une partie de l'humanité sans espoir d'alternative au capitalisme dont nous constatons tous les jours à la fois les lumineuses réalisations et les sombres fractures.

vendredi 6 novembre 2015

L'entreprise-machine

Après avoir combattu la vision du cerveau-machine dans ce billet sur la neuroplasticité, je propose, dans cet article, de remettre également en cause la vision de l'entreprise-machine.

La vision de l'entreprise-machine est issue de l'émergence de la société industrielle du 19ème siècle et du Taylorisme. A l'époque, les entreprises recherchent essentiellement de la main-d'oeuvre pour accomplir des travaux répétitifs et peu qualifiés. (1)
Ces ouvriers venaient généralement du monde paysan et de l'exode rural, ils sont peu disciplinés et vivent au rythme des saisons, et, de même que le 20ème siècle est imprégné du paradigme informatique et computationnel,  les patrons du 19ème siècle sont imprégnés de la vision machinique.
L'entreprise s'organise alors comme une machine avec un patron qui réfléchit et des ouvriers qui produisent: un cerveau et des exécutants.

Le travailleur idéal est donc un robot qui fait exactement ce qu'on lui dit de faire sans réfléchir - la réflexion étant laissée au cerveau-central (le patron).

vendredi 9 octobre 2015

Peut-on motiver les gens?

Nombreux sont ceux, parmi nous, qui pensent que si la majorité des travailleurs (87%) ne s'engagent pas dans leur travail (voir article précédent), c'est parce que l'homme est naturellement paresseux et ne travaille que lorsque c'est nécessaire à sa survie.

Cette vision, encore très répandue, était soutenue au 19ème siècle par la théorie psychologique des "besoins assouvis": on considérait alors que "l'homme est comme un python qui s'activera pour trouver une proie, mais qui n'est jamais plus heureux que quand il peut rester au soleil sans bouger,  à digérer la malheureuse souris qu'il a avalée" (1)

jeudi 3 septembre 2015

Saison 3 - Le bonheur au travail et autres SIG

Eh oui, on est en septembre. En France, l'été se termine, ainsi que les vacances de la plupart des écoliers et de leurs parents. Il est grand temps de débuter une nouvelle saison pour redonner du fruit à ce blog.

Alors que la saison 2 était consacrée à l'organe mou qui nous sert à raisonner, à la merveilleuse complexité du monde, aux sciences molles, à la remise en cause de nos illusions et de nos connaissances, à notre sentiment illusoire de maîtrise et de contrôle, ce blog va tenter de s'attaquer à un sujet encore plus mou et plus complexe, et qui nous est extrêmement familier: l'étrange et abscons "monde du travail".

"Abscons" - (définition du wiktionnaire): complexe au point de n'avoir plus aucun sens ou presque.

lundi 24 août 2015

Attention & manipulation

Pour ceux qui ont participé aux petits jeux de l'été (voir cet article avant de poursuivre) et qui veulent en savoir plus, je conseille vivement le livre de Jean-Philippe Lachaud, "Le cerveau attentif", qui décrit en détail les biais cognitifs liés à l'attention.

mercredi 15 juillet 2015

Annexe à la saison 2 - Illusion de choisir


Toujours en annexe de cette saison 2, voici une petite expérience amusante menée par Peter Yohanson and Lars Hall à propos d'un autre biais cognitif appelé "cécité au choix" ("Choice blindness")

mercredi 8 juillet 2015

Annexe à la saison 2 - Cécité au changement


Pour prolonger un peu cette saison 2 au cours de l'été et faire suite au grand jeu de l'été, voici une petite expérience amusante menée par les psychologues Dan Simons & Dan Levin sur un biais cognitif appelé cécité au changement ("Change blindness"). Ces phénomènes seront expliqués du point de vue neurologique dans le dernier article de l'été en août.

mercredi 1 juillet 2015

Grand jeu de l'été - Cécité attentionnelle

Pour faire suite à la saison II et faire hommage aux neurosciences, j'organise un petit jeu neuro-distrayant.
Deux équipes de basket s'affrontent:
Les noirs et les blancs.
Il faut compter précisément le nombre de passes que se font les blancs.
Vous devez le faire tout seul et si possible sur un ordinateur de bureau.

Avant de lancer la vidéo, passez si possible en mode plein écran.


Attention, vous ne devez regarder la vidéo qu'une seule fois.



mardi 9 juin 2015

Fin de la saison II

"Lorsque je dis que "je change", le sujet du verbe changer, c'est moi. Donc précisément, le sujet du verbe changer, c'est ce qui est invariant en moi, c'est ce qui ne change pas" (1)

Nous sommes au mois de juin, c'est bientôt la fin de l'année scolaire et aussi la fin de la saison II de ce blog.

J'espère que la lecture de cette saison vous aura changé un peu.

Voici donc pour finir, trois petites anecdotes amusantes qui illustrent parfaitement les effets papillons de nos illusions cognitives et notre étonnante neuroplasticité.

jeudi 7 mai 2015

Nos idées sont collantes

Vous trouverez dans ce billet deux illusions d'optique classiques.
Dans celle ci-contre, vous voyez soit une vieille dame, soit une jeune femme.
Dans la deuxième (ici), soit vous voyez la danseuse tourner dans le sens des aiguilles d'une montre, soit en sens inverse (les deux sont possibles).
Vous constaterez que très rapidement, votre cerveau tend à ne plus voir que l'une ou l'autre des possibilités.
La plupart du temps, la seconde possibilité a été rejetée sans même que vous en ayez conscience.
Ce type d'illusion est appelée illusion "bistable".
Il est très difficile (voir quasiment impossible) d'avoir les deux possibilités en même temps à l'esprit et, s'il est possible de changer de point de vue, c'est au prix d'un effort cognitif important.